BASELWORLD 2017: Jour 4 – La puissance du design

La question se pose souvent de savoir quels sont les ressorts propres à faire une icône horlogère. De fait, il n’existe pas de recette toute faite et le succès d’une pièce d’horlogerie est la somme d’un certain nombre de facteurs qui, d’une référence à l’autre ou d’une époque à une autre, seront différents. Dans l’absolu, on pourrait presque parler de hasard, même si, de toute évidence, certaines associations sont plus propices que d’autres à faire des montres appelées à avoir un destin hors du commun. 

Chopard Mille Miglia : tenir la distance

Ainsi, on sait les partenariats automobiles assez propices à générer des réussites commerciales. L’exemple le plus évident est le cas de Chopard qui, associé comme sponsor au rallye des Mille Miglia depuis 1988, a su jouer la carte de l’implication totale. Cette compétition d’endurance qu’Enzo Ferrari qualifiait de “plus belle course du monde” et où cette année plus de 400 véhicules de collection s’affronteront sur un parcours routier de 1618 kilomètres reliant Brescia à Rome et retour, a été le socle sur lequel la légende du chronographe Mille Miglia de Chopard a pu se construire. A partir de 1988, la maison familiale proposait annuellement ou presque une montre commémorative aux participants. 

Chopard Mille Miglia Classic Chronograph 2017

Puis, devant le succès rencontré, elle a décidé d’élargir son offre aux passionnés de belle mécanique dès 1998. On notera que pour le millésime 2017, le chronographe édité en série est conforme aux attentes des passionnés de voitures anciennes qui  ont fait de cet instrument leur signe de reconnaissance.  Doté d’un calibre automatique certifié chronomètre par le COSC, il arbore un puissant mais sobre boîtier en acier de 42 mm, un classique et lisible cadran noir à chiffres arabes luminescents et surtout, son fameux bracelet en caoutchouc noir orné d’un motif inspiré d’un profil de pneu Dunlop datant des années 1960. 

Chopard Mille Miglia Race Edition 2017

Hublot Big Bang Ferrari : célébrer la vitesse

Un autre partenariat dans le même univers est un franc succès lors même qu’il n’était pas garanti puisque plusieurs marques s’étaient succédées aux côtés du constructeur sans jamais parvenir à transcender la passion mécanique automobile en désir horloger. Ainsi, depuis le lancement de la collaboration en 2011, Hublot a toujours su créer des modèles aux designs puissants et distinctifs que tout le monde s’accorde à reconnaître comme parfaitement conformes à l’image que l’on peut se faire des bolides de la Scuderia. Pour célébrer les 70 ans de Ferrari, il fallait, dans cette quête perpétuelle d’innovation, d’excellence et de performance qui unit le destin des deux maisons, à la manufacture Hublot offrir aux passionnés une Big Bang Ferrari qui soit dans l’esprit même de ce principe. En s’inspirant des volumes innovants et du design emblématique des derniers modèles Ferrari, Hublot confère de nouveaux contours et une silhouette plus accrocheuse au chronographe Big Bang Unico de 45 mm de diamètre, proposé en édition limitée en titane, king gold et carbone. 

Hublot Big Bang Ferrari

Patek Philippe : mécanique de l’évocation

L’autre piste susceptible de produire une icône horlogère est de trouver un volume qui, par les aspérités graphiques, va retenir l’attention du public. On sait certaines montres avoir une vraie puissance d’évocation. Parmi celles-ci on peut citer La Royal Oak d’Audemars Piguet, la Lauréato de Girard-Perregaux, la Nautilus de Patek Philippe et plus tard l’Aquanaut qui revient cette année pour l’anniversaire de ses 20 ans avec une proposition masculine des plus graphiques. Ainsi, la nouvelle référence 5168G est la toute première Aquanaut pour hommes en or gris 18 carats. Comme les autres Aquanaut (ainsi que les Nautilus), son design avec lunette octogonale aux angles adoucis, rehaussée de finitions satiné vertical sur le dessus et polies sur les flancs en biseau, reste inchangé car il est hautement distinctif. Toutefois, avec ses 42 millimètres de diamètre, ce modèle s’impose par ailleurs comme la plus grande des Aquanaut et il rend hommage à la Nautilus d’origine (1976), surnommée Jumbo, de taille identique. Autre nouveauté : la couleur bleu nuit du cadran dont l’effet dégradé allant du plus clair au centre au plus foncé en périphérie -introduit en 2016 sur l’Aquanaut Travel Time – est un clin d’œil au dégradé typique de la Nautilus. 

Patek Philippe Aquanaut 5650G-001

Bvlgari Octo : heure clé de voûte

Bien des maisons ont tenté des dessins originaux pour sortir du lot sans toujours performer. Ainsi, Hamilton avec la Ventura a su trouver un code bien à elle en proposant pour cette référence un boîtier pratiquement triangulaire. Depuis aucune marque n’a jamais réussi à renouveler l’exploit de faire d’une pièce aux volumes débridés, une franche réussite industrielle (celles des créateurs indépendants produites à 50 exemplaires par an ne sont pas significatives même si toujours fascinantes d’esthétique). A sa façon, la Tank de Cartier qui célèbre sont centenaire cette année, inscrit en majesté sa silhouette dans l’univers des montres rectangulaires. Dans le même esprit, la forme Tonneau qui a eu un temps son heure de gloire chez Franck Muller, est aujourd’hui rarement mise en avant sauf par quelques grandes signatures comme Hublot ou Richard Mille pour des éditions à petit tirage. 

Hamilton Ventura

On l’aura compris, imposer un design innovant ou inédit est une chose compliquée en horlogerie. Aussi, quand un dessin original parvient à se faire apprécier, cela devient vite un vrai phénomène stylistique à étudier avec attention. 

Bvlgari Octo Roma

En 2012, avec le lancement par Bvlgari de l’Octo à Rome, la maison italienne avait révélé le potentiel architectural d’une forme d’une rare originalité intégrant plusieurs géométries afin de donner naissance à une  ligne horlogère taillée pour défier le temps lui-même. Par son équilibre, elle a immédiatement prouvé que les dessins les plus inspirés sont souvent ceux qui osent provoquer l’œil et supporter d’être ou adorés ou détestés. Sans concession, celui de l’Octo affirme l’ambition d’un monde horloger désireux de fusionner avec l’univers plus proprement joaillier.

Bvlgari Octo Finissimo Automatique

A ce titre, si l’Octo Roma a su séduire avec ses 58 facettes qui captent puis renvoient la lumière pour révéler la magie de la Divine Proportion, c’est tout de même l’Octo Finissimo Automatique qui avec son dessin surpuissant, son boîtier en titane et sa finesse record (la plus fine du monde) emporte incontestablement la palme de la montre la plus graphique de l’année de ce Baselworld 2017. Véritable leçon d’équilibre, elle est un bijou contemporain qui, disponible sur bracelet titane ou cuir, révèlera toutes les facettes de son propriétaire…