Eberhard & Co, 130 années de constance horlogère
Un anniversaire, 130 ans, deux modèles jubilé, un Chrono 4 de série, un autre en édition limitée: la marque s’apprête en 2017 à transcender la capillarité d’un marché italien qui la vénère. Et à savourer son récent grand prix de Genève.
Il n’y a pas si longtemps, à Bienne, un certain Charles A. Brandt me recevait, canne à la main, pour me raconter l’histoire de cette incroyable maison. Tel fut mon premier contact avec Eberard & Co. Certes, le Chaux-De-Fonnier de famille que je suis aurait peut-être pu se souvenir de cette enseigne posée à même l’Avenue Léopold-Robert - la rue principale de la Métropole horlogère -, là où en 1907, soit 20 ans après sa fondation en 1887 par un certain Georges Eberhard, la Fabrique s’installait durablement. Hélas, ma bourlingue intercontinentale existentielle ne me laissa pas suffisamment d’attaches dans cette ville du haut Neuchâtel pour que je m’en rappelle.
Georges Eberhard
Sous le signe du chronographe et des circuits
A marque historique, prestiges du passé ponctués de manière ininterrompue par des points forts. Telle l’invention en 1919 par les fils du fondateur du premier chronographe de poignet, tel en 1930, la naissance du premier chronographe à mouvement perpétuel. Puis, en 1935, c’est au tour d’un chrono double-poussoir, disposant des fonctions d’arrêt puis de remise en marche sans remise à zéro, de sortir des ateliers. Suivi quelques années plus loin par un même instrument doté cette fois d’un compteur d’heure puis de la fonction rattrapante, c’est à dire autorisant la double mesure de temps intermédiaires.
Eberhard & Co. Nuvolari
A l’heure où l’horlogerie suisse mécanique se redresse peu à peu de sa violente altercation avec la déferlante des montres à quartz, la marque se dote de racines italiennes suite à son rachat par Palmiro Monti. C’est d’ailleurs cette famille qui, encore aujourd’hui via sa fille Barbara, demeure actionnaire principal de la marque. Ainsi, dès 1992, l’enseigne horlogère s’installe en pionnière dans le paysage attractif de l’automobile vintage avec la sortie d’un modèle hommage au légendaire pilote Tazio Nuvolari, surnommé ‘La Tortue’ pour une lenteur d’élocution particulière tranchant avec sa vitesse sur les circuits. Célébrant les 100 ans de sa naissance, Eberhard & Co fait de cette pièce anniversaire une collection prisée par les gentlemen drivers du monde entier et régulièrement revigorée (lire notre article sur le Grand Prix Nuvolari)
Chrono 4, l’innovation esthétiquement disruptive
Décidément, la complication chronographe fait partie des composantes identitaires d’Eberhard & Co. Quand bien même la marque se fera-t-elle ensuite l’amie des navigateurs - les marins italiens la porteront d’abord puis viendra la collection Navymaster lancée en 1987 pour son centenaire - , quand bien même elle s’accrochera également au poignet des pilotes notamment ceux de l’aviation italienne, c’est le chronographe qui continue de ponctuer sa quête d’innovation.
Eberhard & Co. Chrono 4 130 Edition Limitée
Ainsi, juste après le passage au nouveau millénaire, la marque lance le premier chronographe disposant de 4 compteurs installés en ligne, tantôt horizontalement, tantôt verticalement. Du jamais vu, une esthétique communément admise totalement revisitée. La famille Chrono 4 est née. C’est elle qui reçoit l’infime honneur de recevoir le modèle incarnant les célébrations du cent-trentième anniversaire en 2017. Deux modèles proposés sous l’appellation commune Chrono 4 130. L’un en acier, l’autre en une édition limitée à 130 exemplaires. Nouveau format de 42 mm de diamètre pour la version ‘en série’, lunette à finition satinée, et ce chiffre ‘130’ qui la distingue, sur fond d’une triple variation de cadran, soit du gris, du noir ou de l’argenté. Etanche à 50 mètres, notamment grâce aux 8 vis qui enserrent son fond non transparent sur lequel s’est posée une plaque écusson reprenant en relief le chiffre ‘130’ ainsi que le ‘4’ iconique.
Eberhard & Co. Chrono 4 130 Edition Limitée
Quant à la version en série limitée, elle dispose des mêmes spécifications mais opte pour un cadran squeletté tirant sur l’argenté ou le noir, autorisant les plongées visuelles sur un calibre aux rouages DLC - Diamond Like Carbon. Un disque en saphir permet en effet cette intrusion voyeuriste de son mouvement, tandis que son fond s’est fait transparent afin qu’un rotor décoré façon ‘Côtes de Genève’ offre à la vue de son porteur ses incessants va-et-vient. Enfin, dans le registre de la différentiation entre le modèle de série et l’édition limitée, une mini-plaque vissée reproduit à l’identique le même logo que celui qui ornait le premier chronographe bracelet lancé en 1919. Les connaisseurs apprécieront, ils sont toujours à l’affût de ce genre de raretés.
Eberhard & Co. Chrono 4 130 Edition Limitée
Du GPHG aux grandes profondeurs, le Scafograf
En marge de ce clin d’œil légitime éminemment historique, la marque Eberhard aurait eu du mal à ne pas conjuguer aux temps jubilaires son récent succès obtenu fin 2016 au Grand Prix d’Horlogerie de Genève. Ainsi, 2017 accueille dans son offre - 20’000 montres produites annuellement et un marché dominant, l’Italie – son modèle Scafograf non plus seulement destiné aux espaces lounges des dolce vita portuaires, mais aussi aux grandes profondeurs grâce à son étanchéité à 100 mètres, sa lunette bidirectionnelle en céramique et sa valve à hélium. Un gaz qui se laisse terriblement influencer par la pression subaquatique ce qui permet ainsi au plongeur de disposer avec précision d’éléments utiles à sa sécurité.
Du haut de ses 130 ans d’une production ininterrompue - c’est finalement assez rare au monde des enseignes historiques - Eberhard & Cie gagne à être connue. Et pas seulement du fin fond de toute ville italienne qui se respecte ou de ses marchés historiques, mais aussi auprès d’un public grandissant de passionnés.